American way of life?

Le droit à l’avortement supprimé ou menacé dans la moitié des États américains

© Megan Jelinger, Reuters

FRANCE 24

À peine la Cour suprême avait-elle décidé que le droit à l’avortement n’était pas inscrit dans la Constitution américaine que certains États ont rendu la procédure illégale, vendredi. À terme, la moitié des États du pays pourraient interdire ou restreindre le droit à l’IVG.

La Cour suprême a rendu vendredi 24 juin la liberté aux 50 États américains d’interdire l’avortement sur leur sol et une poignée d’entre eux s’en sont saisi immédiatement, la moitié des États devant, in fine, s’en emparer.

Interdiction automatique

Treize États, surtout dans le Sud et le centre plus religieux et conservateur, se sont dotés ces dernières années de lois dites « zombie » ou « gâchette » rédigées pour entrer en vigueur automatiquement en cas de changement de jurisprudence à la Cour suprême.

Dans les heures qui ont suivi la publication de la décision, au moins sept États les ont instaurées. Le procureur général du Missouri a annoncé vendredi que son État devenait le « premier » à interdire l’avortement. Ont notamment suivi l’Arkansas et l’Oklahoma, où les autorités ont appliqué immédiatement la nouvelle interdiction.

Enfin, le Texas ou le Tennessee ont un délai de 30 jours entre la publication de l’arrêt et l’entrée en vigueur du nouvel interdit.

Ces lois interdisent les avortements avec des nuances : l’Idaho prévoit des exceptions en cas de viol ou d’inceste, le Kentucky uniquement en cas de danger pour la vie de la femme enceinte ; la Louisiane prévoit jusqu’à dix ans de prison pour les professionnels de santé, le Missouri jusqu’à 15…

Restrictions

Quatre États supplémentaires (Géorgie, Iowa, Ohio et Caroline du Sud) disposent de lois interdisant les avortements dès que les battements de cœur de l’embryon sont perceptibles, soit vers six semaines de grossesse quand la plupart des femmes ignorent encore être enceintes.

Bloquée par la justice car elle violait le cadre légal en vigueur jusque-là, celle de l’Ohio est entrée en vigueur vendredi, et ce devrait être prochainement le cas pour les textes des trois autres États.

Confusion

Plusieurs États disposent de lois rédigées avant l’arrêt Roe v. Wade de 1973, qui avait établi le droit des Américaines à avorter. Mises en sommeil pendant près de 50 ans, elles pourraient théoriquement être immédiatement réactivées, mais rien n’est certain.

Prenant acte du risque juridique, la puissante organisation Planned Parenthood ne planifie aucun avortement à compter de la fin juin dans le Wisconsin où le gouverneur démocrate défend le droit à l’avortement mais pas les parlementaires républicains majoritaires.

Dans le Michigan, la procureure générale démocrate Dana Nessel a ajouté à la confusion en promettant de ne pas poursuivre les personnes qui violeraient la loi de 1931 si elle redevenait active. Les procureurs locaux pourront eux toujours le faire et l’État risque de devenir un patchwork complexe.

En Arizona, le gouverneur républicain Doug Ducey estime qu’une loi adoptée en 2022 pour interdire les IVG après 15 semaines de grossesse préemptera les textes antérieurs, mais des sénateurs de son parti ne l’entendent pas de cette oreille et il reviendra sans doute aux tribunaux de clarifier la situation.

À surveiller

Quatre États ont, selon l’institut Guttmacher, envoyé des signes défavorables à l’avortement, mais ne disposent pas aujourd’hui des textes pour les interdire.

Les élus du Nebraska ou de l’Indiana ont échoué à voter de telles lois. Ceux du Montana et de Floride ont réduit les délais légaux pour interrompre une grossesse mais les cours suprêmes de ces États protègent pour l’heure le droit à l’avortement sur leur sol.

États protecteurs

Vingt-deux États – surtout sur la côte ouest et dans le Nord-Est – conserveront le droit à l’avortement et certains ont même pris des mesures pour élargir l’accès aux IVG, notamment en autorisant davantage de professionnels de santé à les pratiquer ou en augmentant les financements des cliniques.

Avec AFP

Liberation

Liberation

Recul de l’avortement aux Etats-Unis: une guerre déclarée contre les femmes

Dov Alfon

Le couperet suspendu est donc tombé, guillotinant le droit constitutionnel des femmes américaines à l’avortement. La Cour suprême des Etats-Unis a décidé, ce vendredi 24 juin, de revenir sur l’arrêt historique Roe v. Wade, laissant chaque Etat libre d’interdire ou d’autoriser l’avortement. Le droit d’une femme sur son propre corps est bafoué dans une des plus importantes démocraties au monde, et le terrible prix à payer va être infligé principalement aux femmes les plus précaires et les plus isolées.

© Fournis par LiberationLe droit d’une femme sur son propre corps est bafoué dans une des plus importantes démocraties au monde, et le terrible prix à payer va être infligé principalement aux femmes les plus précaires et les plus isolées.

Contrôle et flicage

Les premières réactions déploraient que l’effet de cette effroyable décision était de renvoyer l’Amérique cinquante ans en arrière. C’est faux : les méthodes pour traquer les malheureuses qui tenteront de se faire avorter sont mille fois plus intrusives et efficaces qu’elles ne l’étaient avant Roe v. Wade. Il ne s’agit plus d’un voisin délateur ou d’un contrôle inopiné, mais d’une machine de surveillance comprenant géolocalisation, aspiration de données de recherches sur Internet, flicage systématique de paiements suite à la disparition du cash et reconnaissance faciale à tous les coins de rue. Le sort des femmes en situation de détresse est donc cent fois pire aujourd’hui qu’avant.

Extrême droite décomplexée

Cette guerre déclarée contre les femmes n’a pas attendu le verdict de vendredi. Au Texas, des filles âgées de 9 à 11 ans ont été forcées de rester enceintes et d’accoucher des enfants de leurs violeurs, tandis qu’aux urgences des hôpitaux, des patientes en fausses couches n’ont pas été secourues parce que le cœur de leur fœtus n’avait pas stoppé à temps.

La décision de la Cour est née de ce climat dogmatique, qui a été créé par une extrême droite décomplexée mais rendu possible par la crédulité du parti démocrate et des juges progressistes. Si notre solidarité avec les femmes américaines face à cette triste situation est totale, elle doit aussi nous engager à regarder en face la montée en France d’un extrémisme bien trop ressemblant, et à rester plus vigilant que jamais sur les dangers qu’elle représente.

La décision de la Cour suprême sur l’IVG nous rappelle que c’est un droit fragile, même en France

Lucie Hennequin

Deux militantes du droit à l'IVG après l'annonce de la décision de la Cour suprême sur le droit à l'avortement. (Photo: ANNA MONEYMAKER via Getty Images via AFP)
Deux militantes du droit à l’IVG après l’annonce de la décision de la Cour suprême sur le droit à l’avortement. (Photo: ANNA MONEYMAKER via Getty Images via AFP)

Deux militantes du droit à l’IVG après l’annonce de la décision de la Cour suprême sur le droit à l’avortement. (Photo: ANNA MONEYMAKER via Getty Images via AFP)

IVG – Un séisme. Ce vendredi 24 juin, la Cour suprême des États-Unis a mis fin à un arrêt garantissant le droit des Américaines à avorter. Les interruptions de grossesse ne sont pas rendues illégales par cette décision, mais elle indique que chaque État est libre de les autoriser, ou non.

C’est donc un gigantesque retour en arrière pour les États-Unis, où l’avortement était jusqu’à présent protégé par l’arrêt emblématique “Roe v. Wade”. Et ses potentielles conséquences pour les droits des femmes inquiètent partout dans le monde.

Cet événement nous rappelle que, même en France, des droits fondamentaux acquis de haute lutte, comme l’a été le droit à l’avortement en 1975 avec la loi Veil, restent fragiles et peuvent être remis en cause à tout moment.

Si le contexte français est incomparable à la situation aux États-Unis, des voyants rouges restent allumés dans l’hexagone et indiquent que le combat féministe pour les femmes à disposer de leur corps n’est pas terminé.

“Si le droit à l’avortement semble pour beaucoup être acquis en France, et que nous ne serions pas concerné.e.s par ce backlash, la réprobation sociale associée à l’IVG est encore largement entretenue par les militants du ‘droit à la vie’”, écrit la députée Albane Gaillot dans un communiqué au lendemain de la fuite du document de la Cour suprême américaine.

La loi de 2014 pour l’égalité réelle a étendu le délit d’entrave à l’IVG au fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de s’informer sur l’avortement ou sur ces actes préalables (et non plus seulement d’avoir recours à l’acte en lui-même). Pourtant, le débat politique sur le droit à l’IVG est marqué depuis plusieurs années par la montée en puissance de mouvements conservateurs anti-IVG ou “anti‑choix”, également présents en France.

Délai allongé de 12 à 14 semaines, mais…

Au premier abord, le droit à l’IVG peut apparaître renforcé par le dernier quinquennat d’Emmanuel Macron: la proposition de loi Gaillot sur le renforcement du droit à l’avortement a été promulguée le 3 mars 2022, au bout de deux ans de débats. Le délai autorisé pour pratiquer une IVG a été allongé de 12 à 14 semaines.

D’autres mesures visant à améliorer l’effectivité du droit à l’avortement ont été votées, comme la possibilité pour les sages-femmes de pratiquer les IVG instrumentales et la surpression du délai de réflexion de deux jours imposés suite à un entretien psychosocial. Des mesures considérées comme de réels progrès par les associations de défense des droits des femmes.

Mais il ne faut pas oublier que ce texte, salué par le ministre de la Santé Olivier Véran, a été promulgué après deux ans de débats et de nombreuses réserves du côté du gouvernement. Loin de soutenir ce texte, Emmanuel Macron lui-même utilise régulièrement les termes de “traumatisme” ou de “drame”, rhétorique présente chez les anti-IVG, pour parler de l’avortement.

“C’est toujours un drame”

“C’est un droit, mais c’est toujours un drame pour une femme”, a encore soutenu le président lors de la présentation de son programme le 17 mars dernier. Des propos stigmatisants pour les femmes, notamment pour celles ayant eu recours aux 220.000 IVG en France en 2020.

S’il s’est engagé une fois réélu à ne pas revenir sur la loi Gaillot, ce n’est pas de gaieté de cœur. “Je respecte la loi de la République. Je l’ai promulguée, je ne la remettrai pas en cause, elle sera maintenue”, a-t-il soutenu.

Sans pouvoir s’empêcher d’ajouter: “C’est toujours un moment difficile quand une femme a à se soumettre à ce choix médical”, un acte qui “marque les femmes à vie”.

Le corps médical réticent

Alors qu’au Royaume-Uni le délai légal de recours à l’avortement va jusqu’à 24 semaines, en Suède jusqu’à 18, ou en Espagne 14 semaines, son allongement en France a créé la polémique au sein du corps médical.

D’un côté, le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF), Israël Nisand, déclarait en 2021 que cette procédure serait “insoutenable pour beaucoup de professionnels” en raison du développement du fœtus.

Le Syndicat national des gynécologues-obstrétriciens de France (Syngof), sur la même ligne, affirmait que 30% des gynécologues refuseraient aujourd’hui de pratiquer régulièrement des IVG tardives.

De l’autre côté, les associations féministes et acteurs de terrains tels que le Planning familial, soutenaient cet allongement, soulignant que tout ce débat sur le délai s’éloignait en fait du cœur du problème: le droit pour les femmes de décider elles-mêmes.

“Entre douze et quatorze semaines une difficulté technique se fait ressentir”, concédait Cloé Guicheteau, qui travaille au Planning familial et au centre IVG du CHU de Rennes, contactée par Slate en juin 2019.

Maintien de la “clause de conscience”

Le problème se situerait plutôt du côté psychologique que technique. “Pour les professionnels qui pratiquent l’IVG, ce n’est pas rien d’extraire un fœtus à ce terme-là. Heureusement, ils savent qu’ils ne sont pas en train de tuer une vie mais d’en sauver”, affirmait-elle.

Autre bémol: la loi Gaillot prévoyait initialement de supprimer la “clause de conscience spécifique” permettant à des médecins de refuser de pratiquer un avortement. Cette clause, qui ne concerne que l’acte d’IVG, dispose qu’“un médecin ou une sage-femme n’est jamais tenu de pratiquer une interruption volontaire de grossesse mais il doit informer, sans délai, l’intéressée de son refus et lui communiquer immédiatement le nom de praticiens ou de sages‑femmes susceptibles de réaliser cette intervention.”

Elle est aussi appelée “double-clause de conscience”, car elle vient s’ajouter à la clause de conscience générale des médecins, qui indique déjà que “hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelles”.

Sa suppression a finalement été abandonnée pour permettre au texte d’avancer dans son parcours parlementaire.

Un accès inégal à l’avortement en France

Un point d’alerte met d’accord tout le monde: les difficultés et inégalités d’accès à l’IVG en France. Au cours des dix dernières années, plus de 130 centres pratiquant l’IVG ont fermé, soulignait en 2013 un rapport du Haut Conseil à l’égalité (HCE).

Selon une étude menée en 2019 par les agences régionales de santé, le délai de prise en charge pour les femmes désirant avorter peut varier de trois à onze jours selon l’endroit. En moyenne, il faut compter 7,4 jours pour que l’acte soit réalisé.

Selon le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), une quarantaine de départements connaissent une pénurie de gynécologues, ce qui conduit à des inégalités territoriales très fortes, soulignées dans tous les rapports au fil des ans. Et accrues lors de la crise sanitaire.

“Elles n’ont pas eu le choix”

Selon cette enquête de Mediapart réalisée en 2019, d’autres obstacles dans l’accès à l’IVG, méconnus, sont pourtant nombreux: “arnaques” à l’avortement, méthode imposée, éloignement des centres, délais d’attente à rallonge, non-respect de la confidentialité…

“Après s’être heurtées à autant de murs, des femmes se retrouvent hors délai légal en France. Certaines, particulièrement en détresse, sont dirigées vers un parcours d’interruption médicale de grossesse (IMG) pour motif psychosocial: encore toute une épreuve”, dénonce Mediapart.

Chaque année, entre 3000 et 4000 femmes seraient ainsi conduites à sortir du cadre légal français en se rendant à l’étranger pour avoir recours à un avortement. “D’autres encore accouchent sous X, rappelle le journal. C’est leur corps, elles en avaient le droit, mais elles n’ont pas eu le choix.”

En septembre 2020, un rapport d’information parlementaire sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) préconisait notamment de revaloriser l’activité médicale d’IVG, de supprimer la double cause de conscience et de ne plus “assimiler l’IVG à un acte médical à part.”

Ouest-France

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La Cour suprême américaine révoque le droit à l’avortement, les États libres de l’interdire

avec AFP – Hier à 16:34

Vendredi 24 juin 2022, la Cour suprême américaine a révoqué l’arrêt Roe v. Wade, rendant les États libres d’interdire l’avortement.

© DANIEL SLIM/AFPLa Cour suprême des États-Unis est vue à Washington DC le 5 novembre 2021.

Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des États-Unis a enterré vendredi 24 juin l’arrêt Roe vs Wade qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n’avait jamais été accepté par la droite religieuse.

Vidéo associée : États-Unis: le droit à l’avortement révoqué par la Cour suprême, chaque État sera libre de l’interdire

États-Unis: le droit à l’avortement révoqué par la Cour suprême, chaque État sera libre de l’interdireActiver les notifications

Lire aussi : Qu’est-ce que l’arrêt Roe v. Wade qui a légalisé l’avortement

Déjà, les réactions pleuvent. Le droit à l’avortement est jeté aux oubliettes de l’Histoire, a salué l’ancien vice-président Mike Pence. La principale organisation de planning familial promet de continuer à se battre.

Le 3 mai dernier, Politico révélait que l’arrêt était sur la sellette. Le quotidien américain s’était procuré l’avant-projet d’une décision majoritaire rédigé par le juge conservateur Samuel Alito et daté du 10 février.

La Cour suprême a été profondément remaniée par Donald Trump qui, en cinq ans, y a fait entrer trois magistrats, solidifiant sa majorité conservatrice (six juges sur neuf). Depuis septembre, cette nouvelle Cour avait envoyé plusieurs signaux favorables aux opposants à l’avortement.

BFMTV

Avortement: les Etats-Unis « déterminés » à soutenir « les droits de la santé reproductive » dans le monde

E.F.

Des manifestants pour défendre le droit à l'avortement devant la Cour suprême à Washington le 5 mai 2022.  - ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
Des manifestants pour défendre le droit à l’avortement devant la Cour suprême à Washington le 5 mai 2022. – ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP

Washington compte poursuivre le soutien aux « droits de la santé reproductive » à travers le monde, malgré l’arrêt historique de la Cour suprême révoquant ce droit aux Etats-Unis, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

Le département d’Etat « va rester totalement déterminé à faciliter l’accès à des services de santé reproductive et à favoriser les droits de la santé reproductive à travers le monde », a dit le secrétaire d’Etat dans un communiqué.

Antony Blinken a aussi assuré que ses services « feront tout ce qui est possible » pour que l’ensemble des employés du département d’Etat puissent y avoir accès, « où qu’ils habitent ».

« Nous ne flancherons pas vis-à-vis de cet engagement », a-t-il ajouté.

Les pays alliés dénoncent un retour en arrière

Vendredi, la très conservatrice Cour suprême a enterré le droit à l’avortement, revenant sur son arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973 et renvoyant aux Etats la possibilité, ou non, d’interdire les IVG. Au moins sept ont activé, dans la journée, cette interdiction.

Des leaders de pays alliés des Etats-Unis, comme le Canada, le Royaume-Uni et la France ont déploré un retour en arrière avec cette décision qui place l’Amérique à contre-courant de la grande majorité des pays, en particuliers des pays développés.

Le Figaro

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Droit à l’avortement annulé aux États-Unis : Biden dénonce une «erreur tragique», Macron appelle à «protéger» ce «droit fondamental»

© ELIZABETH FRANTZ / REUTERS Joe Biden a regretté un «triste jour» pour l’Amérique, affirmant que la «santé et la vie des femmes» du pays étaient en danger désormais.

Après l’annonce de la Cour Suprême de la révocation de l’arrêt «Roe v. Wade» de 1973 garantissant le droit pour les femmes d’avorter dans tous les États du pays, les réactions pleuvent, entre stupéfaction et réjouissance selon les camps.

» LIRE AUSSI – Jane Roe, l’icône féministe devenue égérie anti-avortement

Le président des Etats-Unis Joe Biden a déclaré vendredi que la décision de la Cour suprême annulant le droit à avorter était une «erreur tragique» et le résultat d’une «idéologie extrémiste». «La santé et la vie des femmes de ce pays sont maintenant en danger», a martelé le démocrate dans une allocution solennelle dans la foulée de l’arrêt historique, déplorant un «triste jour» pour l’Amérique, qui fait figure «d’exception» dans le monde. Il a appelé à poursuivre le combat de manière «pacifique» et à défendre «dans les urnes» le droit à l’avortement et toutes les autres «libertés personnelles», à l’approche des législatives de mi-mandat qui s’annoncent difficiles pour son camp démocrate.

L’ancien président Barack Obama a accusé la Cour suprême d’avoir «attaqué les libertés fondamentales de millions d’Américaines», après la décision vendredi de l’institution de révoquer le droit à l’avortement. «Aujourd’hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit», a déclaré l’ancien président démocrate sur Twitter. La candidate démocrate malheureuse à l’élection présidentielle américaine 2016 Hillary Clinton a pour sa part dénoncé «un pas en arrière pour les droits des femmes».

«Une erreur historique» réparée, selon Pence

À l’inverse, l’ancien président conservateur, Donald Trump, a estimé que cette annulation répondait à la «volonté de Dieu». Interrogé par la chaîne Fox News sur son propre rôle, pour avoir nommé trois juges et fait ainsi franchement fait basculer la majorité de la haute juridiction dans le camp conservateur, le milliardaire républicain a répondu: «C’est la volonté de Dieu». La décision «suit la Constitution», et «ramène tout au niveau des États, ce qui aurait toujours dû être le cas», a-t-il ajouté. Dans un communiqué, il s’est ensuite néanmoins attribué un rôle prépondérant. «L’arrêt d’aujourd’hui, qui est la plus grande victoire pour la vie depuis une génération, avec d’autres décisions récentes, ont été rendues possibles seulement car j’ai tenu mes promesses, notamment en nommant et installant trois constitutionnalistes très respectés et solides à la Cour suprême des Etats-Unis», a-t-il affirmé. «C’était un grand honneur pour moi!»

Vidéo associée : Etats-Unis : la Cour suprême enterre le droit à l’avortement

L’ancien vice-président républicain des États-Unis Mike Pence a de son côté chaleureusement salué vendredi la décision de la Cour suprême révoquant le droit à l’avortement, «jeté aux oubliettes de l’Histoire». «En renvoyant la question de l’avortement aux États et au peuple, la Cour suprême a réparé une erreur historique», s’est félicité sur Twitter ce fervent chrétien évangélique, qui fut le bras droit de Donald Trump à la Maison Blanche.

» LIRE AUSSI – Avortement : ces conservateurs américains qui veulent aller plus loin que le renversement de Roe v. Wade

Dans un communiqué publié ce vendredi, les évêques de New-York se sont réjouis d’un «jour historique». «Nous rendons grâce au Seigneur pour la décision d’aujourd’hui. […] Cette juste décision sauvera un nombre incalculable d’enfants innocents à naître». Figure influente du protestantisme évangélique outre Atlantique, le pasteur Rick Warren a aussi salué la décision de la Cour suprême. «Des millions d’Américains à naître disent merci !», a-t-il publié sur Twitter. Le sénateur républicain Marco Rubio a pour sa part affirmé sur Twitter qu’il fallait dès à présent «un plan pro-life pour l’Amérique post Roe».

Un «coup terrible»

Le président français, Emmanuel Macron, a au contraire affirmé que l’avortement était «un droit fondamental pour toutes les femmes». «Il faut le protéger. J’exprime ma solidarité avec les femmes dont les libertés sont aujourd’hui remises en cause par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique», a écrit le chef de l’État sur Twitter. La première ministre Elisabeth Borne a également déploré sur Twitter «un jour sombre pour les droits des femmes»«Solidarité totale avec toutes les femmes aux États-Unis et dans le monde. Nous ne lâcherons rien pour nos droits, jamais», a-t-elle poursuivi.

L’annulation du droit à l’avortement décidée vendredi par la Cour suprême des États-Unis «est un coup terrible porté aux droits humains des femmes et à l’égalité des genres», a déclaré vendredi la Haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme. «L’accès à l’avortement sûr, légal et efficace est fermement enraciné dans le droit humain international et il est au cœur de l’autonomie des femmes et de leur capacité à faire leurs propres choix», écrit Michelle Bachelet dans un communiqué, regrettant une décision «qui est un recul majeur». Le premier ministre canadien Justin Trudeau a, lui, jugé vendredi «horrible» l’arrêt de la Cour suprême de son voisin américain. «Les nouvelles en provenance des États-Unis sont horribles. Je suis de tout cœur avec les millions d’Américaines qui vont perdre leur droit légal à l’avortement», a tweeté le dirigeant canadien, en ajoutant qu’«aucun gouvernement, aucun politicien, ni aucun homme ne (devrait) dicter à une femme ce qu’elle peut faire ou ne pas faire avec son corps».

La principale organisation de planning familial américaine a quant à elle promis vendredi de continuer à «se battre» après la décision de la Cour suprême de révoquer l’arrêt qui garantissait depuis près de 50 ans le droit à l’avortement. «Vous ressentez sans doute beaucoup d’émotions – de la douleur, de la colère, de la confusion. C’est normal, nous sommes avec vous et nous n’arrêterons jamais de nous battre pour vous», a tweeté Planned Parenthood. Kimberlé Crenshaw, universitaire américaine connue pour avoir théorisé l’intersectionnalité, a dénoncé de son côté «illégitimité et à la partisanerie» de la Cour suprême.

Le département d’Etat «va rester totalement déterminé à faciliter l’accès à des services de santé reproductive et à favoriser les droits de la santé reproductive à travers le monde», a déclaré le secrétaire d’Etat Antony Blinken dans un communiqué. Le chef de la diplomatie américaine a aussi assuré que ses services «feront tout ce qui est possible» pour que l’ensemble des employés du département d’Etat puissent y avoir accès, «où qu’ils habitent»«Nous ne flancherons pas vis-à-vis de cet engagement», a-t-il ajouté.

À VOIR AUSSI – Manifestations devant la Cour suprême des États-Unis après la révocation du droit à l’avortement

Droit à l’avortement révoqué : «C’est la volonté de Dieu», assure Donald Trump

Donald Trump
L’annulation du droit à l’avortement décidée vendredi par la Cour suprême des États-Unis répond à la « volonté de Dieu », selon Donald Trump. © Chet Strange / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

EUROPE 1 avec AFP 

La décision « suit la Constitution », et « ramène tout au niveau des États, ce qui aurait toujours dû être le cas », a déclaré Donald Trump. Interrogé sur son propre rôle, pour avoir nommé trois juges et fait ainsi franchement basculer la majorité de la haute juridiction dans le camp conservateur, il a répondu : « C’est la volonté de Dieu. »

L’annulation du droit à l’avortement décidée vendredi par la Cour suprême des États-Unis répond à la « volonté de Dieu », a déclaré l’ancien président américain Donald Trump. La décision « suit la Constitution », et « ramène tout au niveau des États, ce qui aurait toujours dû être le cas », a-t-il déclaré à la chaîne Fox News. Interrogé sur son propre rôle, pour avoir nommé trois juges et fait ainsi franchement basculer la majorité de la haute juridiction dans le camp conservateur, le milliardaire républicain a répondu : « C’est la volonté de Dieu. » Dans un communiqué, il s’est ensuite néanmoins attribué un rôle prépondérant.

>> LIRE AUSSI – Avortement : levée de boucliers des associations françaises pro-IVG face à la décision américaine

« J’ai tenu mes promesses »

« L’arrêt d’aujourd’hui, qui est la plus grande victoire pour la vie depuis une génération, avec d’autres décisions récentes, ont été rendues possibles seulement, car j’ai tenu mes promesses, notamment en nommant et installant trois constitutionnalistes très respectés et solides à la Cour suprême des États-Unis », a-t-il affirmé. « C’était un grand honneur pour moi ! »

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L’ex-président a fait valoir qu’il n’avait « pas flanché face à la gauche démocrate radicale, ses partenaires des médias bidons », ou les républicains non-trumpistes. « Ces victoires majeures démontrent que même si la gauche radicale fait tout son possible pour détruire notre pays, vos droits sont protégés, le pays est défendu », a dit celui qui flirte ouvertement avec la possibilité de briguer à nouveau la Maison Blanche en 2024.

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