Axel Kahn : « La quête de la beauté est indispensable à l’épanouissement »

Le médecin généticien Axel Kahn est mort

 lexpress.fr 

Le médecin et essayiste Axel Kahn a succombé à un cancer à l’âge de 76 ans, a annoncé la Ligue contre cette maladie dont il était encore récemment le président bénévole.Le généticien et président de la Ligue contre le cancer Axel Kahn (archives).© Joël Saget /AFP Le généticien et président de la Ligue contre le cancer Axel Kahn (archives).

Depuis plusieurs mois maintenant, il évoquait avec dignité et beaucoup de poésie le crépuscule de sa vie, sur son compte Twitter et sur un blog, « Chronique apaisée de la fin d’un itinéraire de vie ». « La vie a une fin. Ne jamais commencer à vivre en dispense. Une vie riche et belle connaît une issue qui en fait partie, comme la ponctuation finale d’une belle histoire. Elle peut même en être l’enluminure signifiante. Un crépuscule flamboyant après tant d’aurores bleuissantes », écrivait-il entre autres.

Le généticien Axel Kahn est mort des suites d’un cancer ce mardi, a annoncé la Ligue contre le cancer, dont il avait quitté la présidence le 1er juin, en raison de son état de santé. Il avait 76 ans. « C’est avec tristesse et émotion que la Ligue contre le cancer vient d’apprendre le décès d’Axel Kahn », a indiqué l’organisme dans un bref communiqué.

Spécialiste des maladies génétiques

Les hommages commencent déjà à pleuvoir afin de rendre hommage à ce scientifique, docteur en médecine et docteur ès sciences, ancien directeur de recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin (2002-2007), président de l’université Paris Descartes (2007-2011). « Rendre hommage à l’homme c’est d’abord épouser ses combats, saluer cette vie qui avait valeur d’exemple et faire nôtres ses engagements. Mes pensées accompagnent sa famille, ses proches et tous ceux qui ont eu l’honneur de partager un moment de vie avec lui », a immédiatement réagi le Premier ministre Jean Castex.

« Cultivons la leçon de vie qu’Axel Kahn nous offrit avant de partir. Regarder la mort en face, accepter l’inéluctable et vivre pleinement jusqu’au bout : dans notre nuit de faux prophètes, cet exercice de sagesse est un phare », a déclaré, en hommage, le député européen Raphaël Glucksmann.

« Axel Le Loup », comme il se surnommait, était spécialiste des maladies génétiques, notamment hématologiques. Ses travaux (cancer du foie, expression des gènes, thérapie génique…) avait fait l’objet de près de 600 articles dans des revues internationales ainsi que de nombreux ouvrages.

En mars 2020, après le scandale provoqué par les conditions indécentes de conservation des corps donnés à la science au Centre du don des corps de Paris-Descartes, révélé par l’Express, la radio France Inter avait assuré que le Pr Kahn avait été mis au courant de ces graves problèmes quand il présidait l’université. Il avait contesté ces affirmations. Certains plaignants, notamment réunis au sein de l’association Charnier Descartes-Justice Dignité (CDJD), estimaient toutefois qu’il faisait partie de ceux qui n’avaient pas suffisamment agi. Rare ombre dans la vie d’un homme qui disait avoir été « intensément heureux », qui a accueilli la mort comme un ami.

Le professeur Axel Kahn est mort

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Le médecin généticien et essayiste Axel Kahn est mort à l’âge de 76 ans après avoir lutté contre un cancer, a annoncé ce mardi 6 juillet la Ligue contre le cancer, dont il avait récemment quitté la présidence à cause de sa maladie.

« C’est avec tristesse et émotion que la Ligue contre le cancer vient d’apprendre le décès d’Axel Kahn », a indiqué cet organisme dans un bref communiqué.Axel Kahn est mort. En 2014, il nous avait parlé de la France

« Rendre hommage à l’homme c’est d’abord épouser ses combats, saluer cette vie qui avait valeur d’exemple et faire nôtres ses engagements », a réagi dans la foulée le Premier ministre Jean Castex sur Twitter.

« Axel le loup »

La Ligue contre le cancer avait annoncé le 11 mai que le Pr Kahn allait se mettre en retrait en raison d’un « cancer qui s’est aggravé récemment ». Le 1er juin, il avait officiellement quitté la présidence de l’association, qu’il occupait en tant que bénévole depuis juin 2019.

Après l’annonce de sa maladie, le Pr Kahn s’était exprimé à de nombreuses reprises dans les médias, sur Twitter et sur son site internet pour livrer ses sentiments à l’approche de la mort, en se surnommant « Axel le loup ».Axel Kahn : « Ce n’est pas grave que je meure, parce que j’ai bien vécu »

« Que mes enfants me souhaitent bonne fête papa donne tout son sel à la vie. On a pas à apprendre à mourir. C’est inné. Apprendre à vivre à proximité de la mort est un superbe défi. Je le relève », avait-il par exemple twitté le 20 juin pour la Fête des pères.

Sa dernière « Chronique apaisée de la fin d’un itinéraire de vie » avait été publiée sur son site internet le 22 juin.

« Je requiers mille pardons, ma priorité a cessé, cessera d’être le sérieux de l’analyse des situations, elle est la maîtrise de la douleur chez les autres et chez moi », écrivait-il.

Passionné par l’éthique et la philosophie

Père de quatre enfants, il était également le frère cadet du journaliste Jean-François Kahn.

Né le 5 septembre 1944 en Touraine, docteur en médecine et docteur ès sciences, Axel Kahn a été directeur de recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin (2002-2007), président de l’université Paris Descartes (2007-2011) et président de la Ligue nationale contre le cancer.

Il était spécialiste des maladies génétiques, notamment hématologiques. Ses travaux (cancer du foie, expression des gènes, thérapie génique…) avaient fait l’objet de près de 600 articles dans des revues internationales ainsi que de nombreux ouvrages.Axel Kahn : « L’ARN messager va nous permettre de lutter contre les cancers »

Parmi ses nombreux livres, reflétant sa passion de l’éthique et de la philosophie : « Et l’Homme dans tout ça ? » (éditions Nil, 2000), « L’homme ce roseau pensant » sur « les racines de la nature humaine » (même éditeur 2007) et « Et le bien dans tout ça » (Stock, 2021).

En mars 2020, après le scandale provoqué par les conditions indécentes de conservation des corps donnés à la science au Centre du don des corps de Paris-Descartes, la radio France Inter avait assuré que le Pr Kahn avait été mis au courant de ces graves problèmes quand il présidait l’université. Il avait contesté ces affirmations.

Certains plaignants, notamment réunis au sein de l’association Charnier Descartes-Justice Dignité (CDJD), estimaient toutefois qu’il faisait partie de ceux qui n’avaient pas suffisamment agi.

Le médecin et essayiste Axel Kahn est mort

Le médecin et essayiste Axel Kahn est mort
Le médecin et essayiste Axel Kahn est mort © IBO/SIPA

SAUVEGARDER

Le médecin est décédé à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer. Depuis plusieurs mois, il documentait sa fin de vie, partageant sur son blog et sur Twitter ses « chroniques apaisées ». 

Le médecin, généticien et essayiste Axel Kahn est mort à l’âge de 76 ans après avoir lutté contre un cancer, a annoncé mardi la Ligue contre le cancer, dont il avait quitté la présidence le 11 mai dernier à cause de sa maladie. « C’est avec tristesse et émotion que la Ligue contre le cancer vient d’apprendre le décès d’Axel Kahn », a indiqué cet organisme dans un bref communiqué. 

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Se sachant condamné, le médecin avait multiplié ces dernières semaines les prises de parole sur la fin de vie. « La maladie que je combats avec acharnement en tant que président de Ligue ne s’était pas avouée vaincue, elle m’attendait au tournant, lançant une attaque massive », écrivait-il déjà en août 2020, dans une préface non publiée pour son livre « Et le Bien dans tout ça ».  

« APPRENDRE À VIVRE À PROXIMITÉ DE LA MORT EST UN SUPERBE DÉFI » 

Axel Kahn a évoqué à de nombreuses reprises le fait de vivre avec le sentiment d’une mort imminente. Dans sa « chronique apaisée de la fin d’un itinéraire de vie » sur son blog, il raconte comment, jour après jour, il appréhende le moment. « Je vais mourir, bientôt. […] Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir – je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt », écrit-il par exemple le 21 mai.  

Sur son compte Twitter, il rend également compte de son humeur, jour après jour. « […] On a pas apprendre à mourir. C’est inné. Apprendre à vivre à proximité de la mort est un superbe défi. Je le relève », écrit-il le 20 juin. 

Spécialiste des maladies génétiques, Axel Kahn est né en 1944. Il entre à l’Inserm en 1976, en tant que biochimiste. En 2002, il devient le premier directeur de l’Institut Cochin, puis prend la tête de l’université Paris-V Descartes en 2007. Auteur d’une trentaine de livres, il était connu pour son travail de vulgarisation scientifique ainsi que ses essais sur la science et l’éthique.  

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Le 21 mai, il écrivait au sujet de ses dernières semaines : « des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien. »

Axel Kahn, une fin de vie « apaisée et saisie « à bras le corps »

Le généticien, ancien président de la Ligue contre le cancer, est mort à l’âge de 76 ans.

 Marine Le Breton*

"Qu’est ce que le bonheur? C’est le moment à partir duquel vous vivez ce que vous espériez vivre", lançait Axel Kahn en mai dernier.
« Qu’est ce que le bonheur? C’est le moment à partir duquel vous vivez ce que vous espériez vivre », lançait Axel Kahn en mai dernier.

DÉCÈS – Il est arrivé au bout du chemin. “Je suis en train de parcourir l’itinéraire final de ma vie”, confiait en mai le président de la Ligue contre le cancer, Axel Kahn. Celui-ci est décédé à l’âge de 76 ans, a-t-on appris ce mardi 6 juillet dans un communiqué de la Ligue contre le cancer.

“C’est avec tristesse et émotion que la Ligue contre le cancer vient d’apprendre le décès d’Axel Kahn”, a indiqué l’organisme. De l’émotion, c’est précisément le mot pour caractériser la fin de vie du généticien et essayiste qui souffrait d’un cancer s’étant aggravé, mais qui paraissait serein et apaisé quant à la mort qui s’approchait de lui.

“Qu’est-ce que le bonheur? C’est le moment à partir duquel vous vivez ce que vous espériez vivre. Où il y a adéquation entre le ressenti de votre vie et ce que vous en espériez”, expliquait-il ainsi au micro de France Inter le 17 mai dernier. “Mort ou pas mort, j’ai été intensément heureux. Et la communion entre moi et mes enfants, c’était magnifique. Entre moi et ma compagne, avec qui je vis depuis si longtemps, la manière dont elle me regardait amoureusement, elle était prête à m’accompagner. C’était magnifique”, raconte le clinicien.https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?dnt=true&embedId=twitter-widget-0&features=eyJ0ZndfZXhwZXJpbWVudHNfY29va2llX2V4cGlyYXRpb24iOnsiYnVja2V0IjoxMjA5NjAwLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X2hvcml6b25fdHdlZXRfZW1iZWRfOTU1NSI6eyJidWNrZXQiOiJodGUiLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X3R3ZWV0X2VtYmVkX2NsaWNrYWJpbGl0eV8xMjEwMiI6eyJidWNrZXQiOiJjb250cm9sIiwidmVyc2lvbiI6bnVsbH19&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1394170647329263618&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.huffingtonpost.fr%2Fentry%2Faxel-kahn-une-fin-de-vie-apaisee-et-saisie-a-bras-le-corps_fr_60e41781e4b06fb1a6eeddeb&sessionId=c05e526296053b0d2fd6a6408922a9c3c79ac00b&siteScreenName=LeHuffPostLife&theme=light&widgetsVersion=82e1070%3A1619632193066&width=550px

Axel Kahn savait qu’il lui restait peu de temps à vivre et avait pleinement conscience que la manière dont il choisissait d’en profiter était importante: “C’est une période très importante de ma vie. J’ai souvent dit que personne n’est autre chose que ce qu’il fait: imaginons qu’il me reste trois ou quatre semaines à pouvoir faire, alors le choix de ce que je fais, la manière dont je le fais, sont plus importants que jamais”, soulignait-il.

“La mort est un non-événement”

Décrivant la mort comme “une vieille amie”, le médecin avait choisi d’aimer sa fin de vie, aussi particulière qu’elle soit. “C’est intéressant comme expérience. On ne la vit qu’une seule fois puisque, ensuite, on est mort. Je le vis, je ne le fais pas en chantant, j’aime la vie. Mais je ne le fais pas non plus dans la terreur.”

Invité de l’émission “La Grande Librairie”, Axel Kahn allait encore plus loin et parlait de “fin de vie apaisée”, de la “sérénité” qu’il ressentait face à la mort.

Questionné à ce sujet par François Busnel, il raconte comment la mort, pour lui qui est agnostique, est un “non-événement”. “Je suis d’une totale impavidité par rapport à la mort, elle m’indiffère totalement. D’ailleurs, en gros, elle n’existe pas. Ce qui existe, c’est la vie qui s’interrompt, mais la mort, en tant que telle, pour un agnostique comme moi, ce n’est pas plus que la fin de la vie”. Quant à la possibilité de l’existence de quelque chose après la mort, il répond: “dans la totalité des actions que j’ai décidé de mener dans cette période où la vie sera brève et où j’ai décidé de m’en saisir à bras le corps, c’est-à-dire de la rendre la plus intéressante possible, parfois la plus utile possible, ça n’est jamais que de la vie que je parle (…) La mort est un non-phénomène, c’est un non-événement”.

“Apprendre à vivre à proximité de la mort”

Quelques jours plus tôt, le 17 juin, il publiait un dernier billet sur son blog avec un titre on ne peut plus clair: “La chronique apaisée de la fin d’un itinéraire de vie”. Dans celui-ci, il s’adressait à ses proches, évoquait l’amour dont il était entouré. “Le rideau de ce blog est de ce fait maintenant tiré. J’y ai exprimé ce qui m’importait le plus, les exigences de l’atténuation de la douleur poussent mes médecins, en accord avec moi, à augmenter les doses d’opiacés qui m’éviteront de n’être qu’un corps martyrisé. Puis, je l’ai dit, la main dans la main des miens qui seront transpercés de mon amour, moi-même nimbé de leur amour, je m’endormirai, ils me verront m’endormir. Je ne serai bientôt plus, ils seront encore, je les accompagnerai. Eux et les autres dont je me suis efforcé d’honorer la confiance.”

Le professeur Axel Kahn, ex-président de la Ligue contre le cancer, est mort

Axel Kahn
Le professeur Axel Kahn est mort © AFP

Le professeur Axel Kahn, ex-président de la Ligue contre le cancer, souffrait lui-même d’un cancer qui s’était aggravé en 2021. Il était âgé de 76 ans. Le généticien, auteur de nombreux ouvrages, avait posté un message sur sa page Facebook en mai dernier, où il faisait déjà ses adieux. 

Le médecin généticien et essayiste Axel Kahn est mort à l’âge de 76 ans après avoir lutté contre un cancer, a annoncé mardi la Ligue contre le cancer, dont il avait récemment quitté la présidence à cause de sa maladie. Elle s’était aggravée en 2021. « C’est avec tristesse et émotion que la Ligue contre le cancer vient d’apprendre le décès d’Axel Kahn », a indiqué cet organisme dans un bref communiqué

Une issue fatale connue

La Ligue contre le cancer avait annoncé le 11 mai que le Pr Kahn allait se mettre en retrait en raison d’un « cancer qui s’est aggravé récemment ». Le 1er juin, il avait officiellement quitté la présidence de l’association, qu’il occupait en tant que bénévole depuis juin 2019. Après l’annonce de sa maladie, le Pr Kahn s’était exprimé à de nombreuses reprises dans les médias, sur Twitter et sur son site internet pour livrer ses sentiments à l’approche de la mort, en se surnommant « Axel le loup ».

A la tête de nombreuses institutions scientifiques

Père de quatre enfants, il était également le frère cadet du journaliste Jean-François Kahn. Né le 5 septembre 1944 en Touraine, docteur en médecine et docteur ès sciences, Axel Kahn a été directeur de recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin (2002-2007), président de l’université Paris Descartes (2007-2011) et président de la Ligue nationale contre le cancer.

En mars 2020, après le scandale provoqué par les conditions indécentes de conservation des corps donnés à la science au Centre du don des corps de Paris-Descartes, la radio France Inter avait assuré que le Pr Kahn avait été mis au courant de ces graves problèmes quand il présidait l’université. Il avait contesté ces affirmations. Certains plaignants, notamment réunis au sein de l’association Charnier Descartes-Justice Dignité (CDJD), estimaient toutefois qu’il faisait partie de ceux qui n’avaient pas suffisamment agi.

Passionné de philosophie et d’éthique

Il était spécialiste des maladies génétiques, notamment hématologiques. Ses travaux (cancer du foie, expression des gènes, thérapie génique…) avait fait l’objet de près de 600 articles dans des revues internationales ainsi que de nombreux ouvrages.  

Parmi ses nombreux livres, reflétant sa passion de l’éthique et de la philosophie: « Et l’Homme dans tout ça ? » (éditions Nil, 2000), « L’homme ce roseau pensant » sur « les racines de la nature humaine » (même éditeur 2007) et « Et le bien dans tout ça » (Stock, 2021).  

Médiatisé pendant la crise du Covid

Durant la crise du Covid, il avait été très médiatisé notamment pour dénoncer les déprogrammations de soins et les retards de dépistages. « Rendre hommage à l’homme c’est d’abord épouser ses combats, saluer cette vie qui avait valeur d’exemple et faire nôtres ses engagements », a réagi dans la foulée le Premier ministre Jean Castex sur Twitter, à l’annonce de son décès.

Pluie d’hommages après la mort du généticien Axel Kahn

 Sacha Nelken Axel Kahn, scientifique et médecin généticien français, est décédé des suites d'un cancer.© Martin COLOMBET Axel Kahn, scientifique et médecin généticien français, est décédé des suites d’un cancer.

Elle était attendue, tant Axel Kahn avait prévenu que sa mort était imminente, mais elle n’en fait pas moins réagir. Dès l’annonce du décès du généticien à 76 ans ce mardi par la Ligue nationale contre le cancer, qu’il dirigeait il y a quelques semaines encore, une pluie d’hommages s’est abattue sur les réseaux sociaux pour saluer la mémoire du scientifique, particulièrement respecté par ses pairs.

A commencer par le directeur de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, Aurélien Rousseau. «Axel Kahn nous a accompagnés, challengés, critiqués, fait bouger et il était toujours disponible pour travailler avec les équipes de la Ligue contre le cancer pour préserver la prise en charge et le dépistage des cancers tout au long de la crise, écrit le haut fonctionnaire sur Twitter. Pensées émues à ses proches.» «Axel Kahn manquera», abonde de son côté le créateur de Vite ma dose ou de Covid Tracker, Guillaume Rozier, faisant part de sa «grande admiration». Le biologiste Alexis Verger loue, lui, «un scientifique remarquable, un homme passionné et passionnant». «Sa profondeur de réflexion et la douceur de sa voix me manqueront», assure-t-il.

Par ses prises de position éthiques et philosophiques, Axel Kahn était une voix qui comptait dans la classe politique. De gauche à droite, en passant par La République en marche, de nombreux responsables politiques ont également tenu à rendre hommage au généticien. «Il y a six semaines, dans une lettre pleine de dignité, Axel Kahn expliquait son combat et nous disait au revoir. Il nous quitte pour de bon aujourd’hui, et c’est à notre tour de lui rendre hommage, à lui et à son intelligence lumineuse», estime le communiste Ian Brossat.

«Scientifique de renom, président de la Ligue contre le cancer, il a éclairé de sa connaissance et de son humanisme les grands débats éthiques qui traversent notre société», rappelle l’ancien négociateur pour le Brexit, potentiel candidat LR à la présidentielle Michel Barnier.

Le Premier ministre, Jean Castex, adresse ses «pensées […] à sa famille, ses proches et tous ceux qui ont eu l’honneur de partager un moment de vie avec lui»«Rendre hommage à l’homme c’est d’abord épouser ses combats, saluer cette vie qui avait valeur d’exemple et faire nôtres ses engagements», poursuit l’ancien maire de Prades. Au plus haut de la crise sanitaire, Axel Kahn n’avait pourtant pas épargné la gestion de la crise du gouvernement.

Il y a un mois, le généticien accordait une dernière interview à Léa Salamé sur France Inter durant laquelle il affirmait que «mort ou pas mort, [il avait été] intensément heureux»«Merci pour tout», écrit simplement la journaliste ce mardi, faisant part de sa «grande tristesse».

Le généticien Axel Kahn est mort d’un cancer à l’âge de 76 ans

 Salomé Vincendon

Le généticien Axel Kahn, ex-président de la ligue nationale contre le cancer, est mort d’un cancer qui s’était aggravé en 2021.Axel Kahn - Image d'illustration© JOEL SAGET / AFP Axel Kahn – Image d’illustration

« Je vais mourir, bientôt », écrivait Axel Kahn le 21 mai dernier dans un message posté sur sa page Facebook, où il faisait déjà ses adieux. Ce généticien, auteur de nombreux ouvrages et à la tête de plusieurs institutions scientifiques au cours de sa carrière, est mort à l’âge de 76 ans, victime d’un cancer qui s’était aggravé début 2021, annonce la Ligue contre le cancer ce mardi.

« La mort ne me fait pas peur, je sais qu’in fine elle va gagner, mais elle ne m’aura pas dans l’angoisse, pas dans la terreur, elle m’aura avec un petit sourire ironique aux lèvres », avait-il déclaré sur BFMTV, lançant « même pas peur ».

Président de la Ligue contre le cancer depuis 2019, Axel Kahn avait été particulièrement médiatisé ces derniers mois, durant la crise sanitaire liée au Covid-19. Il avait notamment, à de nombreuses reprises, alerté sur les conséquences de la déprogrammation des soins pour les personnes atteintes de cancer, mais aussi sur les détections de cette maladie, qui se feraient plus tard, avec donc moins de chances de prendre le mal à temps.

La voie de la science, presque par défaut

Né en septembre 1944 au Petit-Pressigny (Indre-et-Loire), cadet d’une fratrie de trois garçon, Axel Kahn ne se destinait pas forcément à la médecine. Il avait même envisagé une carrière religieuse, jusqu’à ses 15 ans, âge auquel il avait expliqué, à plusieurs reprises, avoir perdu la foi, et dans le même temps ses velléités sacerdotales.

Comme il l’expliquait en 2016 dans un interview à L’Étudiant, il a ensuite choisi la voie de la médecine, presque par défaut. « Mon père était philosophe, mon frère aîné Jean-François a fait des études en histoire, une science humaine. Quant à Olivier, il a opté pour des études de chimie théorique. Moi, j’étais le petit dernier. J’ai préféré ne pas me mettre en concurrence avec mes brillants aînés. Donc, exit la philo, les sciences molles et les sciences dures. Il ne me restait plus que les sciences semi-molles : la médecine », déclarait-il.

Il fait son internat à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (APHP). Spécialisé en hématologie, il écrit une thèse sur les déficits en globules rouges et devient docteur ès sciences en 1976, avant de passer par les plus prestigieuses institutions du pays. Cosignataire de centaines d’études pendant sa carrière, ses travaux ont particulièrement porté sur les questions génétiques. Avec ses collaborateurs, il démontrera ainsi « que, à un très bas niveau, n’importe quel gène peut être transcrit dans n’importe quel type de cellule », écrit par exemple l’Inserm, qui rappelle les découvertes auxquelles a participé Axel Kahn.

Directeur de recherches à l’Inserm, il dirigera aussi l’Institut Cochin de 2001 à 2007, et sera président de l’université Paris Descartes de 2007 à 2011. Il a présidé de nombreuses commissions de recherches et était membre de plusieurs sociétés savantes, comme l’Académie des Sciences, dans la section biologie humaine et sciences médicales. Siéger dans ces instances fera également de lui un acteur majeur de la politique scientifique en France: il a ainsi été fait commandeur de l’Ordre national du mérite, officier de la Légion d’honneur, chevalier des Arts et lettres ou encore officier dans l’Ordre du mérite agricole.

« Il est devenu un philosophe comme son père »

Lui-même père de trois enfants, sa vie sera en partie influencée par une phrase, laissée par son père dans un mot, avant son suicide en 1970, et qu’il a citée à de nombreuses reprises: « Sois raisonnable et humain ».

« Une devise qui jusqu’au bout l’anime, jusque devant la mort », expliquait en mai sur BFMTV Franck Papillon, journaliste scientifique et proche d’Axel Kahn. « Il a sauvé des vies, la mort de son père a été le déclencheur d’une démarche philosophique, il a écrit sur des questions éthiques, il est devenu un philosophe comme son père. Il a voulu partager ses idées, sa philosophie, grâce à qui il peut affronter l’inéluctable », assure-t-il.

Membre du Comité Consultatif National d’Éthique de 1992 à 2004, il a régulièrement été interrogé sur des questions mêlant éthique et science, notamment au sujet du clonage et des OGM (Organismes génétiquement modifiés). Il avait par exemple plusieurs fois mis en garde contre le clonage humain thérapeutique, et s’était prononcé en faveur des recherches pour une agriculture OGM afin de permettre d’augmenter la production de nourriture dans le monde tout en respectant l’environnement. Il avait également été entendu par le Sénat sur la proposition de loi visant à établir le droit de mourir dans la dignité, et s’était positionné en faveur de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour toutes les femmes.

Un homme de gauche

Son engagement a, à plusieurs reprises, dépassé les frontières de la science. Dès son adolescence, il s’engage au lycée auprès du Parti communiste. « J’ai été élu au Bureau national des étudiants communistes et, à ce titre, j’ai côtoyé d’assez près les dirigeants du parti. J’étais alors le type même du jeune intellectuel bourgeois, très discipliné, ‘rallié à la classe ouvrière’, selon la formule consacrée de ces temps-là », se rappelait-il auprès de l’Étudiant.

Il adhère au Parti Socialiste après l’élection de François Mitterrand, et participe à plusieurs grands rendez-vous de la gauche, apportant son soutien à la candidature de Bertrand Delanoë aux municipales parisiennes de 2008, et intégrant l’équipe de campagne de Martine Aubry pour la présidentielle de 2012. Il sera ensuite candidat du Parti socialiste pour les élections législatives de 2012 dans la deuxième circonscription de Paris, où il perdra contre François Fillon.

Sur son blog, il se souvient de cet épisode comme d’un événement qui a retardé sa traversée de la France à pied, la pratique de la marche étant une de ses grandes passions. En 2012 « c’est dans la deuxième circonscription de Paris que je randonnais, engagé en un combat législatif pour l’honneur contre le Premier Ministre sortant, François Fillon. Ce n’était que partie remise », écrit-il. Il traversera ainsi la France à pied en 2013 puis en 2014, sur plus de 2000 kilomètres.

« Je vivrai en les autres, et ça c’est formidable »

« Je ne saurais vivre sans marcher », déclarait Axel Kahn au journal Le Pèlerin en 2019. « Le rythme de la marche est comme le métronome pour le compositeur, il structure la pensée. C’est un besoin récurrent pour l’homme actif, le citadin que je suis ».

De ses marches, il tirera plusieurs ouvrages, comme « Pensées en chemin: Ma France des Ardennes au Pays Basque », en 2014. « Je sais que ma mémoire, mes écrits, l’espèce de matériau à penser que j’ai essayé de créer ma vie durant, et qui aura été utilisé par d’autres pour contribuer à bâtir leur propre vie, fera en tout cas que, intellectuellement, je continuerai de vivre dans leur mémoire », déclarait sur BFMTV Axel Kahn en mai dernier. « Je vivrai en les autres, et ça c’est formidable ».

Mort du médecin, généticien et essayiste Axel Kahn

 Hervé Morin 

Agé de 76 ans, le président de la Ligue contre le cancer est mort après avoir lutté contre un cancer dont il avait lui-même annoncé l’issue fatale.Axel Kahn, le 14 avril 2015 à Paris.© Fournis par Le Monde Axel Kahn, le 14 avril 2015 à Paris.

Axel Kahn, médecin, généticien et essayiste, est mort à 76 ans des suites d’un cancer, a annoncé mardi 6 juillet la Ligue contre le cancer, dont il était président depuis juin 2019. Il avait lui-même pris l’initiative d’en annoncer l’issue fatale, le 11 mai, dans un communiqué.

Il avait ensuite accordé une série d’entretiens, dans lesquels il faisait part de sa sérénité face à la mort, témoignant de l’expérience « saisissante » que l’on vit quand on la sait toute proche : « La joie de tout instant de beauté est décuplée par l’hypothèse que l’on pourrait n’en plus connaître de pareille. Sensation inouïe, bonheur immense », écrivait-il ainsi le 14 mai sur son fil Twitter, en regard de fleurs et d’un arc-en-ciel.

Né le 5 septembre 1944 au Petit-Pressigny (Indre-et-Loire), Axel Kahn a pour père le philosophe Jean Kahn (1916-1970) et pour mère Camille Ferriot (1914-2005). Il est le frère du journaliste Jean-François Kahn, de six ans son aîné, et du chimiste Olivier Kahn (1942-1999). Leur lignée comprend un grand-père paternel juif alsacien admirateur de Georges Clemenceau et laïcard et une grand-mère maternelle antisémite refusant de rencontrer leur père. Axel Kahn perd la foi catholique au contact des jésuites, mais il se forgera « une morale sans transcendance », un humanisme athée « qui finalement est assez proche de celui des chrétiens », constatera-t-il au soir de sa vie.

Le suicide de son père marque de façon indélébile le jeune homme, d’autant que ce geste, inattendu, se double d’un message adressé à lui seul dans une lettre posthume : « Sois raisonnable et humain. » Injonction « extraordinairement vague », et qui le questionnera sa vie durant.

Premier directeur de l’Institut Cochin

Axel Kahn a fait médecine « par élimination », afin de ne pas entrer en compétition avec « les quatre hommes Kahn ». Ce sera l’hématologie (1974), discipline qui l’amène à se consacrer à la recherche : en 1976, il entre à l’Inserm en tant que biochimiste, intégrant une unité d’enzymologie pathologique au sein de l’hôpital Cochin, à Paris. C’est là qu’il effectuera l’essentiel de sa carrière scientifique, mettant les outils du génie génétique au service de la compréhension d’anomalies enzymatiques impliquées notamment dans les maladies du sang. Il s’intéresse ensuite au potentiel des thérapies géniques.

Ses activités de recherche s’accompagnent de prises de responsabilités administratives. Il devient ainsi le premier directeur de l’Institut Cochin (2002-2007), avant d’être élu à la tête de l’université Paris-V Descartes (2007-2011). Il se défendra d’avoir été alerté, avant la fin de son mandat, sur la gestion du centre de don des corps abrité par celle-ci, après la révélation en novembre 2019 par L’Express des conditions indignes dans lesquels des cadavres destinés aux recherches anatomiques y étaient traités.Affaire du « charnier » de Paris-Descartes : un an après le début du scandale, la colère des familles

Avant cela, il aura présidé la Commission du génie biomoléculaire, chargée d’évaluer les demandes de mise en culture d’organismes génétiquement modifiés, et de laquelle il démissionnera en 1997, lorsque le gouvernement Juppé interdit la culture en France d’un maïs transgénique, à laquelle lui était favorable. Sa nomination dans la foulée comme directeur scientifique adjoint pour les sciences de la vie de Rhône-Poulenc (1997-1999), entreprise impliquée dans ces développements industriels, entachera son indépendance sur le sujet aux yeux de certains observateurs.

Soutien de Martine Aubry

Parallèlement, Axel Kahn est membre du Comité national consultatif d’éthique (1992-2004), à une période où les développements de la génétique et des techniques de reproduction nourrissent d’intenses débats. Clonage, tests génétiques, thérapies géniques : la clarté de ses interventions et son sens de la pédagogie en font dès lors un « bon client », disait-il, prisé des médias – lui-même sera cofondateur d’un journal scientifique, Médecine/Science.

Il se déclare opposé aux tests génétiques chez les athlètes féminines ou dans le cadre du regroupement familial, ainsi qu’à la brevetabilité des gènes ou au clonage thérapeutique. Il estime que la thérapie génique germinale, promue par les transhumanistes, vise in fine à « augmenter » l’espèce humaine – un projet « forcément inégalitaire », et donc « philosophiquement critiquable ». Considérant que « l’individu ne se résume pas à ses gènes », il bataille notamment contre les positions réductionnistes de Nicolas Sarkozy quand celui-ci considère que la pédophilie ou les tendances suicidaires chez les jeunes ont une origine génétique.« Impossible de savoir quels seront les bons gènes dans deux siècles » selon Axel Kahn

Cette opposition n’est pas que scientifique : en 2012, Axel Kahn, soutien de Martine Aubry, compare le rassemblement organisé par le président sortant au Trocadéro à un « Nuremberg du tout petit », avant de regretter cette analogie. Le lycéen secrétaire aux Jeunesses communistes, encarté au PCF jusqu’en 1977, gardera le cœur à gauche, même après le « tournant de la rigueur » mitterrandien de 1983. En 2012, investi par le Parti socialiste dans une deuxième circonscription de Paris traditionnellement acquise à la droite, il perd face à François Fillon au second tour.

Auteur d’une trentaine de livres

Il dira avoir refusé par deux fois le poste de ministre de la recherche, ne voyant pas « dans des circonstances contraintes » ce qu’il pouvait apporter. Les difficultés du secteur ne lui étaient que trop familières : en 2004, il figure parmi les « mandarins » – le mot est de lui – qui se mobilisent dans le mouvement « Sauvons la recherche », réclamant à Claudie Haigneré un meilleur financement pour le monde scientifique en général et pour l’Institut Cochin en particulier.

Marcheur infatigable, il tire de ses déambulations quelques-uns de ses essais. Il est l’auteur ou le co-auteur d’une trentaine d’ouvrages – sur l’éthique, les biotechnologies, la morale, ou parfois autobiographiques. Le dernier, Et le bien dans tout ça ? (Stock), a été publié en mars.« La Covid-19 n’est pas la source des pénuries de médicaments, elle les aggrave »

Ces derniers mois, Axel Kahn avait multiplié ses apparitions dans les médias à l’occasion de la pandémie de Covid-19, distillant ses conseils sur la gestion de la crise sanitaire. Cet engagement était notamment motivé par la défense des personnes atteintes d’un cancer : « Retards de diagnostic, reports d’opérations, infections nosocomiales : elles sont des victimes collatérales parmi les plus durement touchées », expliquait-il dans le dernier entretien accordé au Monde, le 28 février. Il s’y interrogeait sur ce que sa génération avait « manqué » pour que le discours ambiant vis-à-vis de la pandémie soit à ce point contaminé par l’« irraison la plus totale » et par le complotisme

.Axel Kahn : « J’ai choisi la médecine par élimination »

Mort d’Axel Kahn : le généticien et président de la Ligue contre le cancer s’est éteint à 76 ans

Après des mois de souffrance et un cancer incurable qu’il a combattu, le scientifique s’en est allé. Il avait 76 ans.

Ce mardi 6 juillet, le généticien Axel Kahn, brillant scientifique, nous a quittés après des mois de lutte contre un cancer incurable. Il avait 76 ans. Le 18 juin dernier, le frère du journaliste Jean-François Kahn, annonçait déjà sur les réseaux sociaux, tel un vrai message d’adieu à ceux qui le suivaient, arrêter d’alimenter son blog. Et se mettre en retrait de la vie publique. Trop épuisé pour poursuivre, il expliquait. « Simplement, au stade atteint par les douleurs, mon médecin traitant de fils et moi avons pris la décision de privilégier leur maitrise« . Le même jour, il accordait une dernière interview à François Busnel et sa Grande Librairie(France 5) diffusé le 23 juin dernier.

Un brillant scientifique reconnu de tous

La communauté scientifique perd l’un de ses cerveaux les plus prolixes, le monde un humaniste estimé par tous. Axel Kahn était né en 1944 dans une famille modeste. « Mon enfance fut frugale. On ne mourrait pas de faim, mais c’était difficile. Ma mère n’avait pas de métier au début. Mes parents étaient séparés. Mon père enseignait la philosophie et ne gagnait pas beaucoup. Je n’ai pas du tout eu ce dont mes enfants et petits-enfants ont disposé. J’ai par exemple vu la mer pour la première fois à 16 ou 17 ans. » Petit dernier d’une fratrie de trois garçons, il suit des études de médecine et devient interne en 1967 puis se destine à la recherche. Docteur ès sciences en 1976, il deviendra directeur de recherche à l’Inserm et directeur du Laboratoire de Recherches en Génétique et Pathologie Moléculaires. Par la suite, Axel Kahn a dirigé l’Institut Cochin de Génétique Moléculaire. Il a été également président du Comité d’éthique de la Ligue nationale contre le Cancer, avant d’être le président de l’association de 2019 à 2021. Il a participé à de nombreux comités d’expertise en recherche, comme la Commission du génie biomoléculaire ou encore le Comité Consultatif National d’Éthique de 1992 à 2004.

Mari et père

Ses champs de recherche ont porté sur les enzymes, sur le génie génétique, la thérapie génique et sur les cancers en lien avec une cause génétique. Il était l’auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation sur la génétique, l’humanisme et l’éthique. Mais aussi l’homme de tous les défis. Ainsi de de mai à août 2013, Axel Kahn avait parcouru la France à pied en soixante-douze étapes. Exploit qu’il a réitéré l’année suivante, en changeant son parcours. Scientifique certes mais chef de tribu aussi. D’un premier mariage avec Viviane, il est devenu un papa attentif pour ses trois enfants Jean-Emmanuel (né en 1970, médecin qui l’a accompagné jusqu’au bout), Isabelle (née en 1972) et Cécile (née en 1974). Pascale, chercheuse elle aussi, sera la deuxième Mme Kahn en 1995. Un mariage bref. En mai dernier, le scientifique publiait une lettre poignante sur sa page Facebook dans laquelle il revenait sur son rapport à la maladie et sa sérénité face à ce cancer qui le ronge. Et qui a fini par le vaincre…

Le professeur Axel Kahn est mort, hommage unanime à «une intelligence lumineuse»

 C.B. 

Le médecin, généticien et essayiste de 76 ans avait annoncé en mai qu’il luttait contre un cancer à un stade avancé.

Il narrait sans fard, avec philosophie et sérénité, son expérience de fin de vie. Le professeur Axel Kahn, atteint d’un cancer de stade très avancé, est décédé. La Ligue contre le cancer, dont il avait quitté la présidence en mai, a annoncé la nouvelle avec « tristesse et émotion » ce mardi.

Axel Kahn racontait vivre ce « moment de sa vie » comme une période « intéressante ». « On ne la vit qu’une seule fois puisque, ensuite, on est mort. Je le vis, je ne le fais pas en chantant, j’aime la vie. Mais je ne le fais pas non plus dans la terreur. Je le fais avec détermination », avait-il affirmé.

L’association de lutte contre le cancer avait annoncé le retrait d’Axel Kahn de sa présidence le 11 mai, en raison d’un « cancer qui s’est aggravé récemment ». Le 1er juin, le professeur avait officiellement quitté ce poste, qu’il occupait en tant que bénévole depuis juin 2019.

C’est avec tristesse et émotion que la Ligue contre le cancer vient d’apprendre le décès d’Axel Kahn.— la Ligue contre le cancer (@laliguecancer) July 6, 2021

Après l’annonce de sa maladie, le professeur Axel Kahn s’était exprimé à de nombreuses reprises dans les médias, sur Twitter et sur son site internet pour livrer ses sentiments à l’approche de la mort, en se surnommant « Axel le loup ».

Sur France Inter, mi-mai, il avait confié être en train de « parcourir l’itinéraire final de [s] a vie ». « Je lutte contre le cancer et il se trouve que la patrouille m’a rattrapé : moi aussi, j’ai un cancer, expliquait-il. Par conséquent, je vais mener deux combats : un qui est personnel, totalement personnel, que je vais mener seul. Mais puisqu’il me reste un peu de temps, je vais essayer d’optimiser ce temps qu’il me reste. »

La journaliste Léa Salamé, qui l’avait interviewé ce jour-là, lui a rendu hommage sur Twitter ce mardi.

« Admiration » pour « une intelligence lumineuse »

Les réactions affluent à l’annonce du décès du professeur Kahn. Elles laissent entrevoir une tendresse et une admiration unanimes qui font fi des cloisonnements politiques. Au gouvernement, le Premier ministre Jean Castex a salué une « vie qui avait valeur d’exemple » et le ministre de la Santé a évoqué « un grand humaniste », « courageux et engagé jusqu’à la fin »

Rendre hommage à l’homme c’est d’abord épouser ses combats, saluer cette vie qui avait valeur d’exemple et faire nôtres ses engagements.

Mes pensées accompagnent sa famille, ses proches et tous ceux qui ont eu l’honneur de partager un moment de vie avec lui. https://t.co/XMOBtj80d4— Jean Castex (@JeanCASTEX) July 6, 2021

« J’ai besoin de l’autre pour être moi-même, et il a besoin de moi pour être lui » Axel Kahn.

Un grand médecin, un grand chercheur, un grand humaniste vient de nous quitter. Courageux et engagé, jusqu’à la fin.— Olivier Véran (@olivierveran) July 6, 2021

« Leçon de vie », « admiration », « courage et élégance »… Tous les témoignages saluent un homme à la personnalité lumineuse.

Cultivons la leçon de vie qu’Axel Kahn nous offrit avant de partir. Regarder la mort en face, accepter l’inéluctable et vivre pleinement jusqu’au bout: dans notre nuit de faux prophètes, cet exercice de sagesse est un phare.

Reposez en paix Professeur. https://t.co/5TccbnmvLs— Raphael Glucksmann (@rglucks1) July 6, 2021

Tristesse infinie à l’annonce du décès d’Axel Kahn, un homme qui a traversé la vie avec engagement et courage, un immense chercheur éclairé par son humanisme. Je perds un grand ami dont la présence, la vision et les conseils affectueux me manqueront.— Martine Aubry (@MartineAubry) July 6, 2021

Guillaume Rozier, le jeune créateur du site « ViteMaDose », a de son côté fait part de sa « tristesse » et de son « admiration ».

Ce matin, beaucoup de tristesse, mais surtout une grande admiration. Quel parcours. Jusqu’au bout. Axel Kahn manquera. https://t.co/sZBIuxsrbw— GRZ (@GuillaumeRozier) July 6, 2021

Les hommages ont également afflué de personnalités publiques plus controversées comme la généticienne Alexandra Henrion-Caude, devenue figure de proue des antivax. Héritière de l’enseignement d’Axel Kahn, Alexandra Henrion-Caude a été, des mots de son maître, victime d’un « phénomène sectaire » – une considération qui lui a valu d’être attaqué en diffamation par la principale intéressée, comme nous l’indiquions dans cet article.

C’est avec une immense tristesse que j’apprends le décès de mon ancien maitre et ami Axel Kahn

Comme le 4 mars 2017, je lui rends hommage notamment pour ce qu’il m’a apporté: l’humanisme, qui n’est pas ultracrépidiarianisme mais bien une passion pour la vie!

MERCI et À-DIEU! pic.twitter.com/YOSG7RjylN— Alexandra Henrion-Caude (@CaudeHenrion) July 6, 2021

Un passionné d’éthique

Né le 5 septembre 1944 en Touraine, docteur en médecine et docteur ès sciences, Axel Kahn a été directeur de recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin (2002-2007) et président de l’université Paris Descartes (2007-2011) avant de devenir président de la Ligue nationale contre le cancer (2019).

Il était spécialiste des maladies génétiques, notamment hématologiques. Ses travaux (cancer du foie, expression des gènes, thérapie génique…) avaient fait l’objet de près de 600 articles dans des revues internationales ainsi que de nombreux ouvrages.

Parmi ses nombreux livres, reflétant sa passion de l’éthique et de la philosophie, citons « Et l’Homme dans tout ça ? » (éditions Nil, 2000), « L’homme ce roseau pensant » sur « les racines de la nature humaine » (même éditeur 2007) et « Et le bien dans tout ça » (Stock, 2021). « J’ai fait beaucoup de livres de sciences, mais aujourd’hui la quête philosophique m’intéresse plus », expliquait cet auteur prolifique aux grands éclats de rire.

Cadet du journaliste Jean-François Kahn, marié trois fois, père de quatre enfants, Axel Kahn s’était aussi frotté à la politique. Lors des législatives de 2012, muni de l’investiture socialiste, il avait été défait de peu face à François Fillon dans la 2e circonscription de Paris (43,5% contre 56,5%). Fin cuisinier, c‘était enfin un amateur de chevaux. Avant de mourir, il était allé dire adieu à sa jument Hélène.

Mort d’Axel Kahn : quel héritage va-t-il laisser à ses enfants ?

 Lorine PACCORET Mort d’Axel Kahn : quel héritage va-t-il laisser à ses enfants ?© SIPA Mort d’Axel Kahn : quel héritage va-t-il laisser à ses enfants ?

Mardi 6 juillet 2021, Axel Kahn est décédé à l’âge de 76 ans. Un départ auquel le médecin généticien, atteint d’un cancer incurable, s’était préparé. D’ailleurs, ce père de trois enfants avait déjà tout prévu pour sa succession, depuis déjà plusieurs années.

C’est “avec tristesse et émotion” que la Ligue contre le cancer a annoncé, sur Twitter, la mort de son président honoraire, Axel Kahn. Le médecin généticien est décédé mardi 6 juillet 2021, à l’âge de 76 ans. Atteint d’un cancer incurable, l’essayiste se savait proche de la fin, et abordait l’idée de son départ avec une grande sérénité. Après avoir fait ses adieux aux lecteurs de son blog, intitulé Chronique apaisée de la fin d’un itinéraire de vie, Axel Kahn avait livré une toute dernière interview télévisée sur France 5, le 23 juin dernier. Celui que la mort ne terrifiait pas le moins du monde s’en est finalement allé, en paix. Car le généticien, souvent aperçu dans les médias pendant la crise sanitaire, avait anticipé son départ dans les moindres détails. Il avait ainsi préparé sa famille, notamment ses trois enfants, à sa disparition imminente.

En plus d’avoir offert un couteau Opinel à chacun de ses enfants – Jean-Emmanuel, Isabelle et Cécile – avec leur nom gravé dessus, et de leur avoir légué sa maison de campagne située à Mussy-sur-Seine, Axel Kahn avait également prévu de leur laisser une certaine somme d’argent. C’est ce qu’il expliquait dans une interview accordée à L’Express, en 2016. Bien qu’il ait “tâché de leur léguer cette idée que l’argent n’est pas le moteur de la vie”, le généticien sentait que ses enfants étaient “quand même plus attachés à la chose” que lui. “Et je pense que ce sera encore plus vrai chez mes petits-enfants”, estimait ainsi le généticien. Malgré les risques que représente l’héritage financier – qui peut parfois déchirer une famille  Axel Kahn se disait “satisfait que [ses] enfants puissent profiter d’un coup de pouce supplémentaire”.

“J’avais 26 ans quand mon père s’est suicidé, laissant des dettes et des impôts. Je ne voudrais pas imposer à mes enfants une telle épreuve, en plus de la peine qu’ils auront, confiait le scientifique à nos confrères. Et d’ajouter : “Mais d’un autre côté, je sais à quel point il a été important pour mes frères et moi de ne jamais compter sur l’aide financière de nos parents. Je suis un incroyable privilégié : on m’a légué un amour de la culture, je considère cet héritage amplement suffisant.” Malgré tout, Axel Kahn a mis un petit pécule de côté pour assurer la sécurité financière de ses trois rejetons, aujourd’hui adultes. Dans les colonnes de L’Express, il révélait ainsi le montant de son héritage : “Après, mes enfants ne vont pas hériter de millions, ils sont chacun déjà bien installés dans la vie et ce que je leur laisserai ne va pas bouleverser leur existence. Pour vous donner une idée, je vais faire en sorte qu’ils touchent chacun 150.000 euros via une assurance vie.” On ignore en revanche ce que l’essayiste avait prévu de laisser à sa compagne.

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